Jean Buzelin // CultureJazz (31 janvier 2020)

Le pianiste-compositeur-arrangeur Horace Tapscott (1934-1999) reste sans doute l’un des musiciens afro-américains les moins connus et/donc les plus mésestimés par les amateurs français. Aussi, l’édition de ce disque offre une occasion unique et nécessaire de se (re)mettre à l’écoute de cet immense bonhomme. Publié par le petit mais précieux label français Dark Tree (nom d’une composition de Tapscott), il comprend cinq plages extraites d’un concert donné à Los Angeles en 1998, quelques mois avant la mort du pianiste. Pour cette occasion, celui-ci avait réunit son Pan Afrikan Peoples Arkestra (neuf musiciens) dont la création remonte à 1961, et son Great Voice of UGMAA (Union of God’s Musicians and Artists Ascension), chœur mixte d’une dizaine de chanteurs sous la direction de Dwight Trible (voir son CD “Horace”, Éléphant EL 2213, sorti chez Frémeaux en 2001). À travers les compositions, puissantes et d’une somptueuse simplicité, volontiers répétitives, insistantes et incantatoires, l’auditeur est entraîné dans un rythme, rythme qui n’est que le vecteur d’un monde , une Afrique revisitée par l’Amérique noire (pour faire simple), la plage au titre éponyme ayant de forts accents gospel. L’orchestre comprend trois contrebassistes et trois percussionnistes, ce qui accentue la gravité et la profondeur de la musique, sur lesquels s’appuient deux solistes aussi peu connus qu’ils sont bons, le saxophoniste Michael Session et le tromboniste Phil Ranelin, tandis que s’élancent avec force et conviction les voix magnifiques.
Un disque qui vous prend au plus profond de vous-même du début à la fin. Et un témoignage irréfutable d’une Grande Musique Noire trop oubliée de nos jours « Why Don’t You Listen ? »

 

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