Chronique par Jean-Michel Van Schouwburg sur Orynx (16 mai 2017)

Musique en suspension, aérée, spacieuse, introvertie, trio percussions (Perraud), contrebasse (Duboc) et piano (Risser). Notes éparses au clavier, vibrations bourdonnantes du gros violon et harmoniques au coup d’archet, économie des frottements et des coups sur les peaux et les pièces métalliques. Des corps : 37’:39’’ de réelle mise en commun, crescendo minutieux vers l’intensité et la densité. La tension monte lentement, inexorablement Cette association Risser – Duboc – Perraud est une parfaite réussite qui combine et synthétise plusieurs points de vue sur la manière d’improviser librement avec une profonde cohérence. La lisibilité de cet enregistrement de concert (13 mars 2016 en Autriche) fait de cette improvisation un des documents indispensables du trio piano – contrebasse – percussions dans le domaine de l’improvisation radicale. Ce n’est que passé la vingtième minute que la pianiste prend son clavier à bras le corps en croisant, juxtaposant et précipitant les accords.  L’activité fébrile de Perraud sur ses peaux amorties d’objets divers laisse ouvert le champ sonore à ses collègues. Tirant comme un malade sur ses cordes Duboc pousse le trio comme un forcené.  Passé la demie heure, c’est à son tour de faire vibrer l’air ambiant avec des notes puissantes, énormes. On pense à Haden, sans rire ! Le batteur répond par des séquences de roulements décalés qui sursautent par intervalles. Un carillon d’ostinati répétés au piano préparé ramène le trio vers une communion subtile, entière. Un decrescendo final réussi. Applaudissements. Des âmes : 16’ :53’’ offre encore un supplément d’âme et d’audace à cette musique magnifique en plongeant dans le sonore, froissements des métaux, grondement graves des cordes, cymbales vibrantes, chocs percussifs, fracas, réitérations rageuses à pleines mains au clavier, martèlements compulsifs omniprésents, la contrebasse enfle insensiblement jusqu’au délire…. Une apothéose finale : quatre notes dissonantes ressassées violemment comme s’il n’y avait pas de solution de fin. Grondement raclement ultime du tom grave. Applaudissements éperdus.

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