Frédérique Meichler à propos du concert donné au Festival Météo dans L’Alsace (29 août 2014)

Mercredi après-midi à la friche DMC, Daunik Lazro et ses complices, le contrebassiste Benjamin Duboc et le percussionniste Didier Lasserre, ont offert à l’auditoire un grand moment vibratoire.

Pourtant les cimes des arbres, projet de musique improvisée parti d’un haïku, est une expérience sonore qui vous remplit lentement mais sûrement, un développement d’une intensité rare qui vous plonge dans des paysages, des sensations, une histoire… Chacun peut se raconter la sienne. Dans l’acoustique généreuse du bâtiment 75, il régnait une qualité d’écoute remarquable, tant l’auditoire a été pris dans le tourbillon dense qui s’inventait là. Avec une parfaite maîtrise de la circulation des sondants l’espace, le trio a tracé son sillon toujours plus profondément dans l’imaginaire sonore, n’offrant aucune espèce de ligne mélodique mais un foisonnement de fragments, de réminiscence, de bribes de mémoire éparpillées… Sur le fil.

Et puis arrive le moment où les fragments égarés dans cette forêt profonde viennent se mettre en ordre de marche, dans une vibration collective orageuse capable de déplacer les montagnes, emportant tout sur son passage, atteignant des sommets…

Après cette séquence incandescente, le trio fabrique patiemment le sentier du retour, jusqu’à venir mourir dans un long silence. On comprend à ce moment précis ce que peut signifier le rapport amoureux à l’instrument.

Mercredi à DMC, le voyage a duré 36 minutes environ. C’est le lieu, l’environnement, les incidences insaisissables qui décident. L’enregistrement du projet (Sens radiants, ed. Dark Tree), effectué en septembre 2013 à Le Fleix en Dordogne, lors du festival Écouter pour l’instant, s’étire sur 55 minutes et 28 secondes. Superbe.

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