★ÉLU★ par Philippe Méziat sur CitizenJazz (12 février 2017)

Deux noms très souvent associés, jusqu’au décès de John Carter en 1991. Dont il me souvient que l’un des enregistrements les plus aboutis de David Murray, Death Of A Sideman, lui était dédié. Chez Mosaic Records on a réédité quelques pièces essentielles des deux compagnons sous forme d’un petit coffret de trois CD. Et voici que, comme une sorte de prélude à un concert de Bobby Bradford (c’était mercredi 1° février 2017, 21.30, au Sunside, avec Vinny Golia, Bernard Santacruz et Cristiano Calcagnile) Bertrand Gastaut a déniché on ne sait où la bande d’un concert de 1975, point d’orgue d’une série de trois consacrés à la clarinette. Après Barney Bigard et Art Pepper, John Carter.

Le jazz en provenance de la côte ouest, surtout quand il est l’œuvre de musiciens africains-américains, met beaucoup de temps à nous parvenir. Quand il nous parvient ! De Bobby Bradford (trompette, cornet) et John Carter (clarinette, saxophone soprano, saxophone alto même dans ses débuts) on sait vaguement qu’ils furent, pour le premier, associé aux premiers travaux d’Ornette Coleman, et pour le second parfois engagé dans les « workshops » de l’AACM. Et si en quartet ils ont pu quelquefois évoquer le « modèle » ornettien (sans piano), de la formation du concert de 1975 c’est une toute autre musique qui surgit, d’abord terriblement engagée, tournoyante, fondée sur les échos et renvois permanents des deux contrebasses, et un drive monumental à la batterie. Puis, au fil des morceaux, les choses s’infléchissent jusqu’à devenir baignées d’une douce lumière, de sons ténus, sensibles, posés avec légèreté dans ce qu’on imagine assez bien d’un rapport intime avec le public. Lequel ne ménage pas son enthousiasme. En fin de compte, une musique intemporelle, un inédit qui vient à point pour compléter un label qui nous a donné déjà tant de belles choses.

 

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